L’industrie agroalimentaire a un réel effet sur l’environnement. En présence du changement climatique et de la préservation des ressources naturelles, il devient impératif pour les entreprises de ce secteur de mesurer et de réduire leur empreinte écologique. Savoir évaluer son empreinte écologique est un point de départ indispensable pour rendre l’industrie alimentaire plus durable et responsable. La subvention environnement pour les entreprises peut faciliter l’investissement dans ces technologies vertes, accélérant ainsi la transition énergétique du secteur.
Les méthodologies d’évaluation de l’empreinte carbone agroalimentaire
L’empreinte carbone de l’industrie agroalimentaire est étroitement liée aux efforts de lutte contre le changement climatique. Pour en mesurer l’effet, plusieurs méthodologies ont été développées comme l’analyse du cycle de vie (ACV) à des méthodes sectorielles particulières.
L’analyse du cycle de vie (ACV) appliquée au secteur agroalimentaire
L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) permet d’évaluer l’effet environnemental sur l’ensemble du cycle de vie des produits alimentaires. Cette technique prend en compte toutes les étapes, de la production agricole à la consommation finale, sans oublier la transformation, l’emballage et la distribution. Pour une entreprise agroalimentaire, l’ACV permet d’identifier les points chauds environnementaux et d’orienter les efforts de réduction d’impact.
L’ACV examine les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau, l’utilisation des terres et la biodiversité.
Le Protocole GHG et son adaptation pour l’industrie alimentaire
Le Protocole des Gaz à Effet de Serre (GHG Protocol) est une norme internationale largement utilisée pour quantifier les émissions de gaz à effet de serre. Son application dans le secteur agroalimentaire tient compte des particularités de cette industrie, notamment les émissions relatives aux activités agricoles et à l’élevage.
Ce protocole distingue les émissions selon leur origine. Certaines proviennent des opérations de l’entreprise, d’autres sont associées à la consommation d’énergie, alors que les dernières sont relatives à l’ensemble de la chaîne de valeur, comme la production des matières premières ou le transport des produits.
La méthode bilan carbone de l’ADEME pour les entreprises agroalimentaires
La méthode Bilan Carbone, conçue par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) permet d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre générées par l’ensemble des activités d’une organisation, y compris celles du secteur agroalimentaire. Cette méthode prend en compte les particularités de la filière, en tenant compte notamment des émissions issues de la digestion des ruminants, de l’usage d’intrants agricoles comme les engrais et les pesticides, de la gestion des déchets organiques ou encore des procédés de transformation gourmands en énergie. Grâce à cette méthode, les entreprises peuvent repérer les principales sources d’émissions et élaborer des programmes ciblés pour réduire leur empreinte carbone.
Les indicateurs clés de performance environnementale
Les indicateurs clés de performance environnementale permettent d’évaluer, de suivre et d’améliorer les pratiques écologiques des entreprises. Ils couvrent des domaines variés tels que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, la gestion des déchets, l’utilisation des ressources naturelles ou encore la biodiversité.
Les émissions de gaz à effet de serre par tonne de produit
L’un des indicateurs les plus importants pour mesurer la performance environnementale d’une entreprise agroalimentaire est la quantité de gaz à effet de serre émise par tonne de produit fini. Cet indicateur permet de comparer l’efficacité climatique de différents produits ou processus de production.
L’indicateur utilisé pour évaluer l’effet climatique d’un produit agroalimentaire est exprimé en kilogrammes de CO₂ équivalent par tonne de produit fini. Il se calcule en divisant les émissions totales de gaz à effet de serre par la quantité de produit final obtenue. Ce calcul comprend l’ensemble des sources d’émissions pertinentes, qu’elles soient relatives aux activités de l’entreprise, associées à la consommation d’énergie ou issues de la chaîne d’approvisionnement et de distribution, depuis la production des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit.
La consommation d’eau et l’efficacité hydrique
L’industrie agroalimentaire est l’un des secteurs les plus consommateurs d’eau. L’efficacité hydrique peut être améliorée par des techniques telles que le recyclage de l’eau, l’adaptation des processus de nettoyage et l’utilisation de technologies d’irrigation plus efficaces dans la production agricole.
L’efficacité hydrique est calculée selon la formule suivante : Volume de production/volume d’eau consommé
Plus ce ratio est élevé, plus l’entreprise est efficiente dans son utilisation de l’eau.
La gestion des déchets et le taux de valorisation
Le taux de valorisation des déchets, qui mesure la proportion de déchets réutilisés, recyclés ou valorisés énergétiquement, est l’indicateur principal de l’économie circulaire dans ce secteur.
Un taux de valorisation élevé témoigne de l’engagement d’une entreprise dans la réduction de son effet environnemental et peut également générer une source d’économies et de revenus supplémentaires.
L’efficacité énergétique et l’utilisation d’énergies renouvelables
L’efficacité énergétique est mesurée par la consommation d’énergie par unité de production. Les entreprises agroalimentaires peuvent améliorer cet indicateur en améliorant leurs processus de production, en investissant dans des équipements plus adaptés et en formant leur personnel aux bonnes techniques énergétiques.
La chaîne d’approvisionnement et l’impact environnemental
De l’extraction des matières premières à la distribution des produits finis, chaque étape génère des effets sur l’environnement.
La traçabilité des matières premières et les modes de sélection des fournisseurs
Les entreprises agroalimentaires doivent mettre en place des dispositifs afin de suivre précisément l’origine et les méthodes de production de chaque ingrédient. Dans ce contexte, les modes de sélection des fournisseurs évoluent, incluant de plus en plus des considérations environnementales. Cela induit notamment l’adoption de pratiques agricoles respectueuses des écosystèmes, la valorisation de certifications telles que le label biologique, la recherche de proximité pour limiter les émissions liées au transport, ainsi que la participation active à des initiatives de réduction des gaz à effet de serre.
L’optimisation logistique et la réduction des émissions liées au transport
Le transport des matières premières et des produits finis contribue de manière notable à l’empreinte carbone du secteur agroalimentaire. Pour limiter ces émissions, les entreprises misent sur une logistique qui s’appuie sur plusieurs moyens. Cela inclut la réduction du nombre de trajets grâce à une meilleure organisation des chargements, le recours à des modes de transport plus sobres en carbone comme le rail ou le fluvial, l’utilisation de véhicules électriques ou hybrides pour les livraisons de proximité, ainsi que l’utilisation d’outils numériques pour gérer les itinéraires et rationaliser les déplacements.
La gestion durable des ressources agricoles et les pratiques d’agriculture régénérative
Les entreprises agroalimentaires prennent de plus en plus conscience de la nécessité de préserver durablement les ressources agricoles. Dans cette dynamique, l’agriculture régénérative suscite un intérêt croissant, en raison de ses effets bénéfiques sur la santé des sols et la biodiversité. Elle mobilise des pratiques qui favorisent la fertilité naturelle, limitent le recours aux intrants chimiques, plantent les arbres au sein des parcelles cultivées, et encouragent une gestion responsable des ressources en eau.
Les outils et les technologies pour le calcul de l’effet environnemental
De nombreux outils et technologies ont été développés afin d’évaluer l’effet environnemental des produits. Ils permettent de quantifier des indicateurs comme les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, l’empreinte carbone ou encore l’utilisation des ressources naturelles.
Les logiciels spécialisés
Pour réaliser des analyses de cycle de vie complexes et évaluer l’effet environnemental des produits agroalimentaires, les entreprises disposent de plusieurs logiciels spécialisés. Certains permettent des évaluations très détaillées, alors que d’autres, plus accessibles, séduisent par leur caractère open source. Il existe également des formules conçues spécialement pour le secteur agroalimentaire, avec des données adaptées aux particularités de cette industrie.
Les systèmes de gestion environnementale (SGE) intégrés : ISO 14001, EMAS
Les systèmes de gestion environnementale (SGE) fournissent aux entreprises un cadre structuré pour piloter de manière rigoureuse leur effet sur l’environnement. Parmi les référentiels les plus reconnus figurent les normes ISO 14001 et EMAS (Eco-Management and Audit Scheme), qui établissent des principes de gouvernance environnementale largement adoptés. Ces dispositifs encouragent une méthode fondée sur l’identification des impacts environnementaux significatifs, la définition d’objectifs clairs, le suivi régulier des performances et une dynamique d’amélioration continue.
La blockchain pour la traçabilité et la transparence des données environnementales
La technologie blockchain assure la traçabilité et la transparence des données environnementales dans la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire. Elle permet de créer un registre immuable et décentralisé des informations relatives à l’effet environnemental de chaque étape de production.
La blockchain peut renforcer la confiance des consommateurs en garantissant l’authenticité des données environnementales communiquées par les entreprises.
La réglementation et le reporting environnemental
Actuellement les entreprises sont de plus en plus tenues de rendre compte de leur effet sur l’environnement. La réglementation environnementale encadre ces obligations à travers des lois, normes et directives nationales et internationales. Le reporting environnemental, quant à lui, permet de mesurer, suivre et transmettre les performances environnementales d’une entité.
Evolution du DPEF vers le CSRD pour les entreprises agroalimentaires
Depuis le 1er janvier 2024, la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) est progressivement remplacée par le nouveau cadre de reporting de durabilité introduit par la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette évolution marque un tournant vers une transparence renforcée, avec un périmètre élargi incluant désormais davantage d’entreprises, y compris certaines PME. Les rapports doivent désormais se conformer aux normes européennes ESRS, être vérifiés par des auditeurs externes, et publiés dans un format numérique structuré.
Pour les entreprises agroalimentaires, exposées aux problématiques environnementales comme la gestion de l’eau, la consommation énergétique, les émissions de gaz à effet de serre ou la préservation de la biodiversité, cette nouvelle directive implique une transformation en profondeur. Il leur est nécessaire de fixer des indicateurs extra-financiers pertinents, de les inclure dans leur stratégie RSE et de structurer leur reporting.
Les normes ISO 14064 et 14067 pour la quantification des émissions de GES
Les normes ISO 14064 et 14067 sont des références internationales pour la quantification et la déclaration des émissions de gaz à effet de serre, respectivement à l’échelle d’une organisation et d’un produit. Elles établissent des principes méthodologiques rigoureux, comme la définition claire des périmètres d’analyse et l’identification complète des sources d’émissions. Le calcul s’appuie sur des méthodes reconnues, et les données doivent faire l’objet d’une vérification indépendante afin de garantir leur fiabilité.
L’Initiative Science Based Targets (SBTi) dans le secteur agroalimentaire
L’initiative Science Based Targets (SBTi) prend une place croissante dans le secteur agroalimentaire, en incitant les entreprises à fixer des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fondés sur des données scientifiques et conformes aux engagements de l’Accord de Paris. Dans ce cadre, les entreprises sont amenées à considérer l’ensemble de leurs émissions, qu’elles soient directes, en rapport avec la consommation d’énergie ou avec leur chaîne d’approvisionnement. La méthode prend également en compte les effets associés à l’usage des terres et à leur transformation et encourage l’adoption de pratiques agricoles durables et régénératives.
Les méthodes de réduction de l’impact environnemental
Diverses méthodes permettent de limiter les effets négatifs des activités humaines sur la planète, en agissant sur la consommation de ressources, les émissions polluantes et la gestion des déchets.
L’écoconception des produits et les emballages alimentaires
L’écoconception vise à réduire l’effet environnemental des produits dès leur conception. Dans l’industrie agroalimentaire, cela induit la reformulation des recettes pour utiliser des ingrédients à moindre impact, une meilleure gestion des processus de production pour réduire la consommation d’énergie et d’eau ainsi que la conception d’emballages plus légers, recyclables ou biodégradables.
La valorisation des coproduits et l’économie circulaire dans l’agroalimentaire
L’économie circulaire est une voie prometteuse pour atténuer l’effet environnemental du secteur agroalimentaire. Elle s’appuie notamment sur la valorisation des coproduits, longtemps considérés comme de simples déchets. En requalifiant ces matières en ressources, cette méthode permet de générer de la valeur en limitant les pertes et les émissions. Dans ce cadre, les résidus issus de la transformation alimentaire peuvent être réutilisés pour concevoir des compléments nutritionnels, produire du biogaz par méthanisation, fabriquer des matériaux biosourcés comme les bioplastiques ou encore extraire des substances à forte valeur ajoutée telles que les antioxydants et les fibres.
Les programmes de compensation carbone et les projets de reforestation
En réponse aux émissions de gaz à effet de serre difficiles à éliminer, de nombreuses entreprises agroalimentaires adoptent des programmes de compensation carbone. Ces initiatives permettent de compenser les rejets résiduels en finançant des projets qui capturent le carbone ou réduisent les émissions ailleurs. La reforestation, très prisée dans ce secteur, combine atténuation climatique, préservation des écosystèmes, amélioration de la qualité de l’eau et soutien aux populations locales.
La transition vers des sources d’énergie renouvelable : biomasse, méthanisation, photovoltaïque
La transition énergétique permet de diminuer l’empreinte carbone des entreprises agroalimentaires. Pour y parvenir, elles misent sur des techniques variées, comme la valorisation des déchets organiques pour produire de l’énergie ou la transformation des résidus agricoles en biogaz. L’adoption de sources renouvelables comme le solaire ou l’éolien s’inscrit également dans cette dynamique de décarbonation.
Evaluer l’effet environnemental d’une entreprise agroalimentaire exige une vision systémique, incluant chaque étape du cycle de vie des produits, depuis les pratiques agricoles jusqu’au traitement des déchets. Les normes méthodologiques, les outils numériques performants et un cadre réglementaire en constante évolution donnent des repères solides pour mener cette analyse.